Les Russes accordent beaucoup de place aux travaux de génétique pour améliorer l’étude des lignées. Ces dernières ont pour eux une importance primordiale dans l’élevage. Ils se basent sur ces travaux pour réaliser les croisements, pour déterminer quel étalon de la lignée peut faire des saillies et surtout avec qui.
L’élevage de l’Akhal Teke est soumis aux mêmes règles strictes que les autres races. Les spécialistes qui sont responsables des races (russes ou internationales) siègent auprès de l’Institut Russe du Cheval situé à Riasan.
Une place importante est faite à la génétique, on l’utilise pour l’amélioration des races, on détermine des paramètres que l’on utilisera sur une période donnée pour classer et juger chaque produit.
Les résultats sont régulièrement contrôlés, les poulains sont notés en fonction des critères précis, cela permet d’une part d’éventuellement corriger les erreurs et d’autre part suivant la constance de la qualité des produits, d’accorder une lignée à un étalon et cela peut être 10 à 20 ans après la mort du cheval, ou d’estimer que la lignée ne peut continuer.
Ainsi en septembre 1997 ont été prises des décisions qui vont dans ce sens et que nous verrons lors de l’étude des lignées.
L’évaluation des chevaux est suivie dès la naissance. En règle générale on prend 5 mensurations :
Dans le Stud Book, on fait figurer les mensurations prises à 2 ans ainsi que les éventuels résultats en course.
A deux ans et demi, les chevaux sont mis en course. Auparavant ils sont contrôlés au niveau de leurs performances : longueur du pas, du trot. On note chaque allure, ainsi que leur aptitude au saut et les performances réalisées. Pour les Russes, les hippodromes sont considérés avant tout comme des lieux de travail permettant la notation et la qualité du cheval.
On remarquera à la vue du tableau (Annexe 2) que les résultats de l’Akhal Teke bine qu’inférieurs à ceux des Pur Sang, sont égales à ceux de l’Arabe. Selon une étude faite par Barmincev en 1979, ce dernier affirme que jamais aucun Akhal Teke a été éliminé dans la séléction pour performances insuffisantes.
Ces critères de sélection n’ont pas toujours été les mêmes. Ils ont changé plusieurs fois et ont pris un tournant décisif au début du siècle quand l’élevage est passé sous couvert du Ministère de l’Agriculture et ensuite lors de l’ouverture vers les pays européens dans les années 1960.
Les critères d’origine :
Il est difficile de dire aujourd’hui quels étaient les critères de nomades Teke mais en faisant une étude et en regardant les chevaux que l’on appelle « Teke de l’ancien type » on remarquera des évidences qui font que de nos jours encore ils sont élevés dans les mêmes conditions et pour le même but.
Les nomades avaient besoin de chevaux capables de supporter les climats chauds et de parcourir de longues distances. Ces critères se retrouvent de nos jours dans l’élevage de races destinées à l’endurance.
Les performances étaient les critère le plus important, les chevaux étaient entraînés pour les raids. Ils devaient être de bons sprinters lors des attaques mais il fallait surtout qu’ils soient capables de parcourir de longues distances tant à l’aller qu’au retour et ce, en restant frais et prêts pour une nouvelle attaque.
Le confort et la maniabilité étaient le second critère car il fallait rester à cheval plusieurs jours. De plus, il faut savoir les guerriers ne montaient que des étalons. Il fallait donc que les chevaux gardent entre eux beaucoup de calme et aient un caractère docile. Il est important de noter que de nos jours les males sont toujours laissés entiers…
Ce qui était absolument secondaire, c’était la couleur de la robe. Certes la préférence allait vers les robes à reflets métalliques parce qu’elles renvoyaient les rayons du soleil et éblouissaient lors des attaques. Tout comme ils aimaient les yeux bleus car le bleu est la couleur qui repousse « l’œil du diable ». Quitte à choisir, les nomades préféraient un cheval à l’esthétique commune mais bon guerrier plutôt qu’un cheval d’une belle couleur mais peu hardi. On aboutit ainsi au Teke de l’ancien type avec une conformation modérée idéale pour l’endurance : 1,50 à 1,55m, un arrière train étroit, des muscles longs et fins, des allures confortables et un caractère docile.
Les critères depuis le début du siècle :
Les critères changèrent à la suite de la conquête du Turkménistan par les Russes. Les Tekes étaient considérés comme une machine de guerre : courageux, déterminés, agressifs et expérimentés sur les terrains de bataille.
Il a donc été décidé de séparer les tribus de leurs chevaux. De ce fait, ils devinrent propriété de l’Etat russe et furent élevés dans des fermes d’Etat.
Ensuite on décida de sélectionner ces chevaux pour la course et de les croiser avec d’autres races. Ce changement a été du point de vue des généticiens et des biologistes le plus complexe à réaliser.
En effet, la nature du potentiel génétique a une spécificité propre à chaque race. L’apport d’éléments extérieurs ou un quelconque autre type d’entraînement ne pourra le modifier.
La composition de la masse musculaire de l’Akhal Teke est importante en fibre longues ce qui fait qu’il est prédestiné naturellement aux courses d’endurance et ce qui ne le prédispose pas aux accélérations sur de courtes distances ou à des disciplines qui requièrent des chevaux dont la masse musculaire comporte des fibres courtes.
Ceci est bien connu des scientifiques qui orientent leurs recherches sur les différences entre PS Anglais et d’autres races de chevaux de course.
De fait, les planifications d’élevage ont été modifiées en se basant sur une sélection semblable à celle des PS Anglais.
BOINOU était l’exemple type pour l’élevage. Sa conformation longue et élancée, sa tête fine étaient suffisamment exotiques pour attirer l’œil… Il était « l’Akhal Teke » et les générations suivantes ont été jugées en fonction de ses mesures.
Les dos et cous longs étaient en réalité des fautes chez le cheval de type ancien, les nomades n’auraient jamais accepté ce que l’on trouvait chez BOINOU et ensuite chez GELISHIKLI pour leurs chevaux de guerre.
Un autre critère fut déterminé : celui de la taille. Il correspondait à l’état d’esprit de l’époque qui préférait les chevaux grands avec des allures hautes.
Les plans d’élevage étaient établis sur une période de 10 ans durant laquelle la sélection se faisait sur la taille, le calibre et le type (le cheval de référence étant BOINOU).
On arriva ainsi à avoir des chevaux de 1,60m et parfois même allant jusqu’à 1,70m.
Les critères actuels :
Le tournant fut pris après le succès d’un Akhal Teke dans des compétitions classiques. Nous parlons bien sûr de ABSENT champion olympique de dressage en 1960 et en 1964 et pour la première fois à l’âge de 8 ans.
A l’époque il été impensable de présenter un Akhal Teke à un concours classique de dressage et a fortiori on ne parlait même pas de Jeux Olympiques mais ABSENT était bâti comme un cheval de sport et son apparence était telle qu’il pouvait passer inaperçu face aux autres chevaux européens. Pour les puristes on dira que c’était un cheval « atypique ».
L’attention s’est porté sur la race et la demande a commencé à croître. Les éleveurs s’orientèrent donc vers les chevaux de sport dont les critères se rapprochent le plus possible des chevaux que l’on avait l’habitude de voir sur les terrains de concours.
Autres exemples, l’étalon ESPADRON qui obtint une médaille d’argent en obstacle aux J.O. de Moscou et l’Anglo Teke CHAN, cheval de dressage de Michael KLIMKE.
Ainsi l’Akhal Teke prit une allure très proche du Trakehner ou des Hanovriens légers avec un museau fin, des yeux « bridés » et des couleurs plaisantes. Avec l’apparition de la lignée GELISHIKLI on confirma les règles d’élevage établies pour le type sport : des extrémités longues, un dos allongé et un cou encore plus long. Ce cheval fin et long était d’une conformation rappelant BOINOU.
De ce fait, GELISHIKLI devint le cheval à la mode dans les élevages. Il eut sa propre lignée qui explosa dans les années 1980 pour passer de 49 chevaux à 386 en 1992. Ce qui représente la plus grosse progression au détriment d’autres lignées (Cf Annexe 8).
Cette mode conquit l’élevage turkmène. On aboutit à des chevaux dits de lignées modernes : l’exemple type était KAMBAR.
De nos jours en Russie, les critères de notation semblent être favorables aux chevaux typés. Lors du meeting de PYATOGORSK en Septembre 1998, Tatiana RIABOVA s’est réjouie que les chevaux primés la veille étaient très typés et que ces mêmes chevaux remportèrent les courses du lendemain.
Une autre question se pose pour les chevaux élevés en Europe. En effet, les lignées représentées sont limitées et prédominent celles ayant des conformations proches des chevaux européens. De ce fait, les chevaux utilisés pour la reproduction dans la race ou en croisement sont limités. A conséquence directe est la disparition de certaines lignées.
En conclusion de cette partie, il faut bien parlé du fameux raid ASHKABAD - MOSCOU institué pour démontrer la valeur de l’élevage Akhal Teke. En 1935, les deux fondateurs de lignée qu’étaient ARAB et AK SAKAL y participèrent à l’âge de seulement 5 ans. La distance de 4800 km fut parcourue en 84 jours et ce, en n’oubliant pas la traversée du désert du KARAKUM en 3 jours sans boire.
A l’incitation de GELDI KERISOV et MARIA TCHERKESSOVA, se raid fut renouvelé en 1988 et ainsi on revit passer des Teke dans les villages de leurs origines ce qui ne s’était pas fait depuis l’annexion du Turkménistan par les Russes.
Avant la conquête du Turkménistan par la Russie, il n’existait qu’un Stud Book oral pour la race. Après cela, les experts russes en élevage qu’étaient BELEGONOV et GORELOV, ont réuni toute l’information existant sur cet élevage et l’ont transcrite par écrit : ce fut le premier Stud Book de la race.
En 1932, on décida que la race devait rester pure et donc que seuls les chevaux issus de parents déjà enregistrés comme pur sang dans le Stud Book et nés de parents également enregistrés seraient désormais autorisés à être inscrits dans le Stud Book.
Tout cheval ayant du sang autre qu’Akhal Teke fut exlcu après 1932.
Sous le régime soviétique, les Studs books furent révisés et les 5ème et 7ème éditions publiées. Lors de l’élaboration du Tome VII,en 1981, deux décisions importantes furent prises par les responsables : Tatiana RIABOVA, Alexandre KLIMUK, Vladimir SCHAMBORANT et Maria TCHERKESSOVA :
Les chevaux dont les parents ne se conformaient pas aux points précédents furent exclus. Un Stud Book des demi-sang fut commencé et tous ceux-ci y furent inscrits. En même temps, on institua un test sanguin afin de vérifier les origines des chevaux.
Le premier Stud Book a été édité en 1941 par l’Institut d’Ouzbékistan, ce en conformité avec les décisions prises en 1932. Dans la première partie est fait un historique de la race ainsi qu’un descriptif que vous pouvez trouver sous la rubrique « Sa morphologie ». Différents tableaux repris dans les tomes suivants comprenant :
Par la suite figurera un tableau par périodes de 4 ans portant sur la capacité à reproduire des juments ainsi qu’un classement selon les couleurs des robes. Enfin, est fait l’historique détaillé de chaque lignée accompagnée de l’arbre généalogique du fondateur. Viennent à al suite le détail des chevaux inscrits.
Les chevaux sont inscrits par ordre alphabétique avec un numéro d’ordre. D’abord les étalons puis les juments. C’est pourquoi on retrouve sur les papiers des chevaux ce numéro devant le nom de chaque ancêtre : 100 El est le 100ème cheval inscrit et le 0 indique que le cheval fait partie de la seconde partie.
Dans le Premier Stud Book sont donc inscrits : 996 chevaux dont 442 étalons et 554 juments.
Le seul critère pris en compte pour la sélection a été celui du pourcentage de sang étranger. De ce fait, le Stud Book est composé de 2 parties :
Présentation dans le Stud Book : après le nom et la date de naissance, on trouve la couleur de la robe, les noms des géniteurs et les 5 mensurations suivantes :