Avant d’aborder le descriptif de chaque lignée, il faut rappeler que selon l’utilisation que l’on fera du cheval il faut choisir un type plus qu’un autre.
Le but de tout éleveur ou cavalier sérieux n’est pas d’avoir n’importe quel Akhal Teke.
Le cavalier doit déjà savoir ce qu’il recherche et bien sûr doit connaître les différences entre chaque lignée. La négligence de ces principes pouvant entraîner de mauvais résultats : un bon cheval de sport n’aura pas de bons résultats en présentation de show ou en endurance.
Les types sont au nombre de 4 :
Les responsables établissent des plans d’élevage sur des périodes définies ce qui leur permet de comparer la qualité des produits d’un cheval, la régularité avec laquelle les étalons ou les poulinières sont utilisés avec succès. L’intérêt est que la race ne reste pas figée, qu’elle évolue.
Par exemple, pour A. KLIMUK, l’un des principaux éleveurs, le but de son plan d’élevage pour les prochaines années est d’obtenir des chevaux un petit peu plus grands.
Les sources des différentes lignées proviennent de 4 chevaux :
L’historique avec la descendance de chaque fondateur de lignée et les caractéristiques figurent dans les rubriques individuelles.
Les lignées maternelles :
Bien que l’Akhal Teke soit élevé par rapport à la lignée paternelle, l’influence de certaines poulinières est tout aussi importante. Les statistiques et les évaluations faites sur les résultats de l’élevage le montrent. Aussi il est important de souligner l’existence de tout un groupe de bonnes poulinières et de leurs descendantes.
Il y a deux types de lignées : celles dites « mères de fondateurs » et celles qui ont produit des poulinières exceptionnelles. Les meilleures lignées maternelles ont produit les deux. Il faut noter que les bonnes poulinières n’étaient pas montées par les Turkmènes, cependant au début du XIXème siècle les nomades ont répertorié et classé les poulinières produisant d’excellents poulains et qui de plus, passaient leur qualité aux pouliches. Malheureusement, plusieurs de ces lignées « maternelles » disparurent dans les années 1900/1930 du fait des croisements avec des Pur Sang Anglais. D’autres changèrent totalement leurs caractéristiques à cause de croisements avec d’autres races et perdirent leur excellence. L’exemple type concerne la lignée de MAKH.
Les meilleures lignées remontent à 740 KEDI, 435 KHODSHALL, 398 TEMMI, 604 DSHEREN, 351 PEL. Les deux dernières étaient les meilleures poulinières de référence pouvant produire aussi bien des poulains sélectionnés par la suite comme étalons que des pouliches futures excellentes poulinières.
Dans le descriptif des lignées sont citées des juments ayant eu de l’importance et qui entre autre ont donné une descendance de qualité.
* Les chiffres cités datent des années 90.
Cas particulier de Boinou :
2a BOINOU (1885 – 1908) par LELYANING TCHEP, isabelle doré 151cm.
Son grand père était KARAMTSHA fils de KUTLISAKAR. Son influence a été des plus importante puisque sur les 19 lignées, 12 descendent directement ou indirectement de lui.
C’était un cheval de course exceptionnel et il été rarement placé plus que 2ème.
Dès qu’il commença sa carrière d’étalon, on lui présenta des centaines de juments et beaucoup de ses fils fondèrent, grâce à leurs qualités, leur propre lignée. Déjà dans le premier Stud Book, sur les 10 lignées prises en compte, 6 étaient créées par des fils de Boinou.
C’était un cheval très fin et étroit, avec une conformation qui, selon Belegonov, le rédacteur du 1er Stud Book, le rendait le plus digne à représenter l’élevage de l’Akhal Teke, bien qu’à la vérité il était à al limite d’être trop long au niveau du dos et du cou pour être efficace en endurance. Toujours selon Belegonov, Boinou peut être qualifié de supérieur dans la mesure où les critères selon lesquels il a été jugé n’avaient pas été spécifiés à l’époque.
Si l’on applique les critères de l’élevage d’endurance, la conformité n’est pas évidente, les dos longs souffriront s’ils ont à supporter des poids importants sur de longues distances. Les cous longs et fins, s’ils sont finement attachés à l’épaule ne peuvent cadencer les mouvements d’un cheval fatigué. Les naseaux fins, le nez cassé, les petites joues étaient un handicap pour respirer, boire et manger.
Reste à débattre si Boinou aurait eu la même importance si le Turkménistan n’avait pas été envahi par la Russie et si les éleveurs nomades avaient pu garder la gestion de leur élevage.
Il n’est pas insensé de dire qu’à la vue des autres lignées où Boinou n’entre pas, il préfigure le type moderne.
Par ailleurs, il n’y a aucun doute sur la qualité de l’élevage Boinou, il a sailli d’excellentes juments. L’un de ses meilleurs fils a été MELEKUSH.
Cas particulier de Bek Nasar Dor :
BEK NASAR DOR (1913-1939) par BEK NASAR AL et ILJAS KARA, bai 153cm
Son père BEK NASAR AL était le fils d’AK JAK MELE fils de KEPAN, fils de BOINOU.
Bien que n’ayant plus de lignée propre, il a eu beaucoup d’importance dans l’élevage. Son style, sa conformation en font un exemplaire pur aux yeux des éleveurs puristes actuels. Sa taille modérée le classait dans le style Teke d’avant 1900.
Son ossature était très solide, son gabarit était compact et avait un dos plus court que les chevaux issus de BOINOU : il devait sûrement cela à sa mère.
Cet étalon apparaît dans un grand nombre de pedigrees et son influence ainsi que celle de son père BEK NASAR AL a été capitale. Ces deux étalons ont eu autant d’importance dans la race que BOINOU, lui-même. Leurs descendants perpétuèrent ce phénomène en tant que pères de mères et fondateurs de lignées de grandes poulinières.
De tous ses ascendants, il tient ses compétences de cheval de guerre et d’endurance. A l’époque, il paraissait long mais son dos n’était pas ensellé, son cou était long mais bien attaché aux épaules, et sa tête avait un profil long, de grosses ganaches du type guerre, des yeux grands et clairs.
Bien que fin et élégant, il n’avait pas de signe de faiblesse : il était le portrait type des gravures du XIIème siècle.
Il avait un tempérament de gagnant, sur plusieurs douzaines de courses, il n’a jamais été battu. Après sa retraite, il recevait des prix d’excellence à chaque présentation.
Bek Nazar était un éleveur bien connu dans la race Akhal teke à la fin du siècle. Il a vécu au Turkménistan. Son nom ainsi que celui de ses chevaux ont dépassés les frontières du Turkménistan. Il a été connu grâce à ses deux chevaux : BAK NASAR AL et son fils BEK NASAR DOR. Bek Nazar a vendu BEK NASAR AL au Haras du Turkménistan, mais il garda BEK NASAR DOR car ils étaient inséparables. Le vieil homme désirait ne jamais être séparé de son cheval qu’il considérait comme « la prunelle de ses yeux ». BEK NAZAR DOR n’a jamais vécu dans une écurie mais son éleveur-propriétaire le menait de tribu en tribu où il échangeait nourriture et gîte contre des saillies. Bek Nazar dormait dormait à proximité de son étalon et personne d’autre n’avait le droit de s’occuper de lui : en effet, il refusait la présence d’autres personnes surtout si celles-ce essayaient de le toucher…
On lui proposa plusieurs fois de lui acheter (les enchères allant jusqu’à 50 chameaux), mais Bek Nasar a toujours refusé disant « on ne vend pas un ami ». Mais l’homme devenant vieux, il décida de le céder au Haras du Turkmenistan pour qu’il y continue son excellente carrière d’étalon. Bek Nasar mourut peu de temps après… BEK NASAR AL sera vendu au Haras du Jour de Mai où il mourut en 1939 après avoir laissé derrière lui d’excellentes poulinières.
BEK NASAR DOR laissa plus de 50 juments inscrites dans le Stud Book.
Sa descendance eut moins de renommée, toujours du fait de KAMBAR et POLOTLI.
Ses fils 93 DOR SASHLI, 332 BELEDSHIK, 335 BERGUT donnèrent plusieurs bons étalons. Les meilleurs étaient sans doute :
660 JULDUS dont le fils 755 KUYUK (1948) laissa 751 KROKET (1957)
441 KEPDERI qui donna 758 LATSHIN (1948)
80% de ses descendants ont été des étalons Elite. Il y eut 17 étalons de cette lignée entre 1950 et 1960. Malheureusement, aucun n’assura la continuité car au même moment au Turkménistan les éleveurs préféraient KAMBAR et POLOTLI et en Russie, GELISHIKLI…
Aujourd’hui la lignée est éteinte, la seule connexion qui existe est par le biais des lignées maternelles en particulier celle de DSHEREN qui n’eut pas de descendance male.
Les lignées les plus proches de BEK NASAR DOR sont celles de POSMAN et GELISHIKLI. L’étalon DORNASABEK en est le plus proche physiquement.
Cas particulier de Tshopar Kel : l’étalon TSHOPAR KEL était un étalon n’ayant aucun lien de parenté ni avec BOINOU, ni avec KUTLI SAKAR. Aussi les chevaux des 2 lignées issues de TSHOPAR KEL (lignée Dor Baïram et Ak Sakal) ont des caractéristiques très marquées, nettement différentes des descendants de BOINOU et SLUTSHAI. Ils sont vraiment du vieux type de guerre avec un corps anguleux et leur croupe très différentes de la norme. La moyenne des chevaux était très conforme à celle des chevaux d’avant 1900 et leur apparence est très proche de celle que l’on voit dans les gravures ou les peintures anciennes.
TSHOPAR KEL laissa : KURTBAI (le gris) qui donna :
Ces lignées sont réputées pour avoir d’excellentes poulinières.